Les automobilistes parisiens
Ils existent mais ils sont bien moins nombreux que ce que vous pensez et, surtout, ils ne sont pas qui vous pensez.
Sur la base des données de l’Insee pour l’année 20201, un peu plus d’un million de parisiens (des résidents de la commune de Paris) déclarent se déplacer pour se rendre sur leur lieu de travail2. Sur ce total, 688’919 (67.4%) travaillent dans Paris et 316’035 (30.9%) ailleurs en Île-de-France3 (les 17’162 restants travaillent en dehors de la région, peu importe où). Voici les modes de transport que ces parisiens déclarent utiliser pour leur trajets domicile-travail :
En tête, et de très loin, ils vont travailler en transports en commun (part modale de 66.3%) sachant que, pour les trajets à l’intérieur de Paris, ils sont 64.2% et que pour aller travailler en dehors de la capitale, ça monte à 71.2%.
La marche à pieds arrive en deuxième position avec une part modale de 11.4%. Elle est plus élevée (16%) pour les trajets à l’intérieur de Paris mais décroit de façon spectaculaire pour les trajets plus longs (1.7%)4.
La voiture suit de prêt la marche avec une part modale de 10.8%. Contrairement à la marche, elle est beaucoup plus faible dans Paris (6.8%) et augmente beaucoup pour les trajets ailleurs en Île-de-France (18.8%)5.
Le vélo est 4e avec une part modale de 6.9% qui se décomposent en 8.3% pour les trajets à l’intérieur de Paris (nettement plus que la voiture) et 4.1% pour les trajets qui vont au-delà des limites du périphérique.
Ce sont les deux-roues motorisés qui ferment la marche avec une part modale d’à peine 4.5% qui est à peu près identique pour les deux types de trajets.
On a donc 106'068 Parisiens qui utilisent leur voiture pour aller travailler dont 46'783 qui travaillent à l’intérieur de la commune et 59’285 autres qui travaillent ailleurs.
Notez bien, à ce stade, que nous ne parlons que des Parisiens. Les grands oubliés de ces statistiques (comme du discours politico-médiatique) sont bien sûr les non-parisiens (principalement des Franciliens) qui font le trajet inverse — de l’Île-de-France hors Paris6 vers Paris — soit plus de 1.1 millions de personnes : c’est plus de trois fois le flux des Parisiens qui sortent de Paris pour aller travailler ailleurs.
Je n’ai malheureusement pas le détail de leur mode de transport mais, si on suppose (faute de mieux et de façon très optimiste7), qu’ils se déplacent comme les Parisiens (une part modale de la voiture de 18.8%, voir plus haut), c’est plus de 200'000 automobilistes qui rentrent dans Paris pour y travailler — soit les deux tiers du flux domicile-travail en voiture.
Voir le fichier TD_NAV2A_2020.csv.
On parle, plus précisément, de 1’022’116 actifs de 15 ans ou plus ayant un emploi et qui, par ailleurs, déclaraient en 2020 se déplacer pour se rendre sur leur lieu de travail (ce qui ne signifie pas que les autres n’ont aucun besoin de mobilité à titre professionnel).
Top 5 des communes par ordre décroissant : Courbevoie, Boulogne-Billancourt, Puteaux, Saint-Denis et Levallois-Perret.
Il en reste tout de même 1.7% parce que sortir de Paris, dans pas mal de cas, ça peut simplement consister à traverser le boulevard périphérique.
C’est systématiquement et très clairement dans l’ouest parisien qu’on a le plus tendance à utiliser sa voiture pour aller travailler (par ordre décroissant des arrondissements où sa part modale est la plus élevée : le 16e, le 7e, le 8e, le 17e et le 15e).
Les plus gros flux (supérieurs à 10’000 personnes) viennent par ordre décroissant de Boulogne-Billancourt, Montreuil, Asnières-sur-Seine, Saint-Denis, Aubervilliers, Issy-les-Moulineaux, Levallois-Perret, Courbevoie, Vitry-sur-Seine, Ivry-sur-Seine, Pantin, Créteil, Vincennes, Clichy, Neuilly-sur-Seine, Saint-Maur-des-Fossés, Montrouge et Colombes.
C’est optimiste parce que le réseau de transports en commun d’Île-de-France est en étoile : il est très facile d’accès pour les Parisiens et dessert très bien les grands pôles d’activité de la région (à commencer par La Défense). Dans l’autre sens, en revanche, c’est beaucoup moins évident : si vous habitez à Vincennes ou à Neuilly-sur-Seine, c’est très facile mais dans des communes moins biens desservies (ou pas du tout), c’est une tout autre affaire. Par exemple : les 784 habitants de Brie-Comte-Robert qui travaillent à Paris ou les 460 qui vivent à La Ville-du-Bois.